Définition de DEMI, IE

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : de-mi, mie

DÉFINITIONS

1
Qui est ou qui fait la moitié d'une chose. Un mètre et demi. Un demi-mètre. Une heure et demie. Une demi-heure.
Midi et demi, minuit et demi, une demi-heure après midi, après minuit. Il est une heure et demie, deux heures et demie, etc. il est une demi-heure après une heure, après deux heures, etc.
Sémantique : Fig. En diable et demi, excessivement. Battre quelqu'un en diable et demi. La locution s'explique, parce qu'un diable et demi est encore pire qu'un diable.
Ni demi, avec un substantif qui précède, sans rien absolument de la chose dont il s'agit.
Je ne suis point de moi si mortel ennemi Que je m'aille affliger sans sujet ni demi
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Dép. am. I, 1
Cette infâme, Dont le coupable feu, trop bien vérifié, Sans respect ni demi....
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Sgan. 16
Bref, sans considérer censure ni demie, Je me plais aux livres d'amour
de Jean de LA FONTAINE dans Ballade sur les romans.
Sans moitié ni demi, absolument, sans restriction.
Et demi se met après un substantif pour dire qu'il faut plus que la chose.
Songez qu'un vivant qui critique un mort en possession de l'estime publique, doit avoir raison et demie pour parler, et se taire quand il n'a que raison
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lettre à Volt. 10 oct. 1761
2
Joint à un nom il marque l'infériorité de rang ou de valeur. Un demi-dieu, être mythologique qui tenait le milieu entre les dieux et les hommes (voy. DIEU).
Je n'aime ni les demivengeances, ni les demi-fripons
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans l'Écoss. II, 3, variante.
Souvent il exprime une idée de dénigrement. Un demi-savant.
Les demi-habiles les méprisent
de Blaise PASCAL dans P. div. 139
Notre siècle surtout est plein de ces demi-fidèles
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Vérité de la relig.
Demi-frère, demi-soeur, celui, celle qui n'est frère ou soeur que du côté paternel ou maternel.
3
Nature : S. m. Sémantique : Terme d'arithmétique. Une moitié d'unité. Deux tiers et un demi. Quatre demis valent deux unités.
4
Dans le langage général. Demie, Nature : s. f. Une moitié d'unité. Un quart, un tiers, une demie.
Une demie, une demi-heure. La demie vient de sonner.
5
Demi, adv. modifiant un adjectif ou un participe, à moitié.
Quand déjà demi-clos [englouti] sous la vague profonde
de François de MALHERBE dans I, 4
Le péché que l'on cache est demi-pardonné
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. XII
Lassé, demi-rompu, vainqueur, mais pour tout fruit, Dénué d'un secours par lui-même détruit
de Pierre CORNEILLE dans Hor. I, 4
[Il] Se retourne, et déjà les croit demi-domptés
de Pierre CORNEILLE dans ib. IV, 2
Elle, à cette prière, encor demi-tremblante
de Pierre CORNEILLE dans Théodore, IV, 6
Fussiez-vous demi-pourri dans le tombeau, il vous ressuscitera
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans II, Pénit. 2
Près du temple sacré les Grâces demi-nues
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Henr. IX
L'armée était demi-ruinée avant que d'arriver en Médie
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Rom. 15
Des traits demi-méchants, quelques noirceurs obscures
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans Coquette, III, 5
6
À demi, Nature : loc. adv. À moitié.
Et jamais insolent ni cruel à demi
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, I, 3
L'épouvante les prend à demi descendus
de Pierre CORNEILLE dans Cid, IV, 3
Quant à moi, je ne suis malheureux qu'à demi ; Car, si je perds un gendre, il me reste un ami
de Jean-François COLLIN D'HARLEVILLE dans Optim. IV, 8
À demi, modifiant un verbe, en partie, imparfaitement.
Quand la faveur du ciel ouvre à demi ses bras
de Pierre CORNEILLE dans Hor. III, 3
Le roi ne sait que c'est d'honorer à demi
de Pierre CORNEILLE dans ib. IV, 2
La mort de Séleucus m'a vengée à demi
de Pierre CORNEILLE dans Rodog. V, 1
Qui se venge à demi court lui-même à sa perte
de Pierre CORNEILLE dans ib. V, 1
Mais il n'en sait encor la grandeur qu'à demi
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. V, 4
Croquons-les ; le galant n'en fit pas à demi
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. V, 18
La peine ne se peut remettre à demi
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Satisf.
Oui, oui, Porus, mon coeur n'aime point à demi
de Jean RACINE dans Alex. V, 3
[Il] N'a rien dit ou du moins n'a parlé qu'à demi
de Jean RACINE dans Mithr. II, 1
Tant qu'il respirera, je ne vis qu'à demi
de Jean RACINE dans Brit. IV, 3
Ma colère à ses yeux n'a paru qu'à demi
de Jean RACINE dans Andr. II, 5
Idoménée que le malheur n'a pu instruire qu'à demi
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. X
Je m'imaginais n'être trompé qu'à demi
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans ib. XII
Un prêtre corrompu ne l'est jamais à demi
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Commun.
Vos forces n'étant encore qu'à demi revenues
de Jean-Baptiste MASSILLON dans ib. Pâques.
Comme un homme sort du milieu des flots à demi essuyé
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Panég. St Benoît.
C'est ne vivre qu'à demi que de n'oser penser qu'à demi
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Mme du Deffant, 13 oct. 1759
Nous levons à demi ce voile ténébreux
de Casimir DELAVIGNE dans Vêp. sicil. I, 1
Il n'y en a pas à demi, il y en a beaucoup.
Faire les choses à demi, ne pas faire tout ce qu'il conviendrait de faire.
Le roi, qui ne sait pas faire les choses à demi, donne à M. d'Agen la survivance du gouvernement de son père
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lettre à Mme de St-Géran, 4 mars 1698

REMARQUE

1
1. Demi, placé devant le substantif, est invariable : une demi-douzaine ; mais, placé après, il s'accorde : une douzaine et demie. L'invariabilité est la même au pluriel : des demi-aunes ; ce ne sont que des demi-hommes. Cette règle, qui est une exception consacrée par l'usage, n'existait pas dans l'ancienne langue.
2
2. Demi, placé après un substantif, ne prend jamais la marque du pluriel, l'accord ayant lieu non avec le substantif qui précède, mais avec un substantif suivant, qui est sous-entendu, et qui est toujours au singulier : il a étudié deux ans et demi, c'est-à-dire il a étudié deux ans et un demi-an.
3
3. On ne fait point usage de trait d'union dans à demi mort, à demi fait, parce que à demi est un adverbe placé devant un adjectif auquel il n'est pas étroitement uni. Mais on met le trait d'union quand demi est joint à un substantif, à un adjectif ou à un adverbe : demi-vengeance, demi-savant, demi-mort.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Li burgeis qi ad en soun propre chatel [bien] demi marc vailant
dans Lois de Guill. 18
Demie Espagne [il] vous velt [veut] enfin doner
dans Ch. de Rol. XXXIV
2
XIIe s.
Arrier [il] se trait demie arbarestrée
dans Ronc. p. 66
Grant demi pié [il] les a fait alonger
dans ib. p. 189
De demie lieue [il] ne dist ne o ne non
dans Sax. XI
De tut n'en pout aveir li sainz une demie
dans Th. le mart. 64
3
XIIIe s.
Cinq piés [il] ot et demi de long, plus n'en ot mie
dans Berte, II
Ains qu'ele i eüst mes [demeuré] anée ne demie
dans ib. LX
Se fust [fût-elle] demie morte
dans ib. LXXXIX
Ge n'ai, ce croi, de sens demie ; Ains fis grant folie et grant rage, Quant au Dieu d'Amours fis hommage
dans la Rose, 4140
4
XIVe s.
Et quant je sui tout vostre sans demi
de MACHAULT dans p. 54
5
XVe s.
Et là se tint [la roine] tout le jour et toute la nuit, ainsi que une femme demi-morte
de Jean FROISSART dans II, II, 112
Tant plain fu de merencolie Que je ne peuz à lui parler Une parolle ne demie, Et ne cessoye de plourer
de Charles D'ORLÉANS dans Départie d'am. en ball.
Car heure ne suis ne demie, Qu'en diverse merencolie
de Charles D'ORLÉANS dans Rondeau.
Et tant estoit en la grace de la reine du pays, qu'elle estoit son demi-lit, les nuits que ladite reine point ne couchoit avec le roi
de LOUIS XI dans Nouv. XXVII
Jà Dieu ne me laisse tant vivre qu'autrui [autre] que vous ait part ne demie en ce qui est entierement à vous
de LOUIS XI dans ib. XXXIII
6
XVIe s.
Avecques ung tiercelet d'autour, demye douzeine d'hespaignolz [épagneuls] et deux levriers
de François RABELAIS dans Garg. I, 2
Une messe bien sonnée est à demy dicte
de François RABELAIS dans ib. I, 40
Deux escutz et demy d'or
de François RABELAIS dans ib. I, 46
Revenge n'en veux, ne demie
de Clément MAROT dans II, 243
Et comme on voit souvent l'obscure nue, Clere à moytié par celestes rayons, Ainsi nous est demy joie advenue
de Clément MAROT dans III, 77
Ceste cogitation, d'autant qu'elle demeure au milieu du chemin, n'est que demie
de Jean CALVIN dans Instit. 432
Ils en ont, à la verité, à demy oublié leur office naturel
de Michel de MONTAIGNE dans I, 109
Il me semble n'estre plus qu'à demy
de Michel de MONTAIGNE dans I, 220
Marcher d'une demie lieue devant quelqu'un
de Michel de MONTAIGNE dans I, 232
Si nostre entendement estoit capable de la verité, il la verroit entiere aussi bien que demie et imparfecte
de Michel de MONTAIGNE dans II, 318
S'il n'y est soudainement remedié, la France s'en ira demi deserte
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 12
Et j'estime qu'en six années le royaume se peut demi restablir, et en dix du tout
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 38
Une demi douzaine
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 75
Dieu ne se contente pas de demi-obeissance, ains la veut toute entiere
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans ib.
Le mal de quoy on a bonne connoissance, est comme demi gueri
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 158
Faire un demi tour
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 321
On n'y trouvera aucune ville qui soit à demi parfaite selon les regles des ingenieurs
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 336
Ils iroyent reconoistre le logis à demi-lieue près
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 447
Ceulx qui estoient en sa compagnie retournerent avec leurs galeres demy chemin
de Jacques AMYOT dans Timol. 44
Un caveau lequel n'a air ny lumiere de dehors aucunement, ny n'a porte ny demie, sinon une grosse pierre dont on bousche l'entrée
de Jacques AMYOT dans Philop. 33
La breche n'estant que demie, ceux de dedans s'espouventerent
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Hist. III, 439

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, dimi ; provenç. demi, demicy ; du latin dimidius, du préfixe di, et medius, moyen (voy. MI 1).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Nature : S. m. Ajoutez :
On le trouve dans le langage général.
Paresseux s'il en fut, et souvent endormi, Du revenu qu'il faut je n'ai pas le demi
de PANARD dans dans TERZUOLO, Étud. sur le Dict. de l'Acad. franç. Prospectus, p. 17
2
Ajoutez :
Demie, substantif féminin, prend le pluriel. Cette horloge sonne les quarts et les demies.
3
Ajoutez :
4. M. Terzuolo, Études sur le Dict. de l'Acad. franç. Prospectus, p. 17, remarque que, si on suit les prescriptions de l'Académie, il faudra écrire : " Il a été frappé des demi et des quarts de sequins ; ce qui choque le bon sens. " Rien n'oblige à écrire demi, puisque, dans le langage de l'arithmétique, demi est substantif masculin ; et l'on écrira des demis, comme on écrit des quarts.
5. Pour se rendre raison des anomalies que demi présente, il faut remonter à l'usage ancien. Dans la langue d'oïl, demi est un adjectif représentant le latin dimidius et s'accordant toujours avec son substantif. Mais, avec le temps, la langue moderne prit l'habitude de rendre demi invariable pour le genre et le nombre, toutes les fois qu'il précédait son substantif. Cela fait, il s'en est suivi inévitablement que demi n'a plus eu d'emploi au féminin que placé après le nom.
6. J. J. Rousseau a dit :
On est allé jusqu'à près de demi-lieue, Lett. au maréchal de Luxembourg, 28 janv. 1763 ; et : à demi-lieue de la ville
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Lett. à Moultou, 30 déc. 1768
7. Une pomme et demie me suffit, et non pas me suffisent. La pomme et demie que j'ai mangée, et non que j'ai mangées.

Termes proches de DEMI, IE